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NOIR D ENCRE

La dernière partie du film au sein de la champignonnière ainsi que la série de photographies mettant en lumière cet univers fantasmagorique constituent le point d’ancrage essentiel du projet que nous proposons d’exposer et souhaitons présenter durant la résidence au Hangar.Pour cette exposition, nous développons un processus de création expérimental, écologique et évolutif. Au-delà de ce que représentent les champignons, les œuvres photographiques réalisées interrogent l’aspect polluant de la production classique des impressions chimiques présentes dans les expositions de photographies (solvants, chimie, blanchissants papier). Selon le principe de réemploi et de seconde vie, nous expérimentons un protocole visant à transformer la matière du papier « dos bleu » des tirages de notre précédente exposition sous l’effet de procédés manuels et naturels consécutifs.

Nous collaborons avec Maria Elisabeth van Heesewijk, designeuse textile, pour créer de nouvelles surfaces hybrides sur lesquelles nous accélérons l’érosion et par extension, le temps. Plus celui-ci avance, plus la matière se fragilise, se transformant petit à petit en un réseau métaphorique de mycélium. Le mycélium est reconnu comme le cerveau de la foret. Le réseau de mycélium interconnecte la vie souterraine et auto-organise le système de décomposition du cycle de vie qui recycle et régénère la vie organique. Il est considéré comme l’internet de la forêt formant un réseau d’informations complexes ou les plantes et les champignons communiquent entre eux à travers une masse de filaments.Au processus de transformation de cette photographie, nous ajoutons de l’encre de coprin noir (seul champignon étant capable de produire de l’encre) biodégradable confectionnée par nos soins dont le ramassage des champignons a été effectué dans les jardins de Bruxelles. Le coprin noir d’encre est un champignon composé d’un chapeau gris blanc à gris brun, fortement plissé, en forme d’œuf, qui ne s’ouvre jamais et se liquéfie littéralement sur lui-même à partir de ses lamelles en se transformant en une encre particulièrement noire.

Ce liquide contient des spores du champignons, qui se propagent ainsi dans le sol en dégoulinant en substance noire qui peut aussi devenir une encre durable. L’œuvre devient vivante.Par capillarité, l’encre de coprin va se propager dans ce nouveau réseau de craquelure du papier et venir prendre le dessus sur l’encre chimique et polluante du tirage initial.

Le champignon continue de perdurer dans le temps et de vivre à travers cette nouvelle image. Il renforce l’aspect éphémère de l’impression « dos bleu » et la pérennité de son existence.Plus le temps avance, plus la matière se fragilise et efface le travail de l’être humain, retournant ainsi à une forme plus primitive.

Une nouvelle image oscille entre matérialité et immatérialité. La photographie devient alors une image objet de seconde vie, de seconde âme, évoluant dans le temps.En proposant des œuvres en processus de dégradation avancée, nous rendons palpable l’irresponsabilité écologique du système de production, de surconsommation et de gâchis des images papier.

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